J'ai regardé un film il y a quelques temps, « Requiem For a Dream ». Un regard réaliste sur la drogue et ses ravages. Je me souviens avoir entendu un ami en parlé, il disait qu'on pouvait non seulement y voir la dépendance aux matières illicites mais également à la télé car la mère d'un des personnages ne cesse de regarder la TV. Il était fier de lui en pensant « moi j'ai compris le film , j'ai vu qu'on pouvait être dépendant de tout et pas seulement de la coke ou de l'herbe ». Il a fallu qu'il regarde ce film pour qu'il comprenne ça ?

Ce n'est pas la drogue qui m'a fait réfléchir parce que dans un sens nous le somme tous drogué : la cigarette, le sport, le café... Nous avons tous nos petits défauts.
Non ce que j'ai vu et qui m'a fait peur c'est autre chose. A un moment le fils va voir sa mère à qui il n'a pas rendu visite depuis une éternité. Elle saute de joie, elle est heureuse comme tout. Et puis je ne sais plus comment mais le fils remarque que sa mère suit un traitement. Pourquoi ? Afin de maigrir et de pouvoir enfiler à nouveau cette jolie robe rouge qu'elle portait lors de la remise des prix de son fils car elle a reçu un coup de téléphone, elle va passer à la télé ! Elle n'a jamais eu autant d'amis, les gens s'intéressent à elle, elle est reconnue et ça lui fait tellement de bien... Elle qui est si vieille, d'habitude personne ne s'intéresse à une petite vieille de banlieue. Mais là c'est autre chose car elle va passer à la télé, tout le monde pourra la voir dans sa belle robe et elle pourra parler de son fils dont elle est si fière et de son défunt mari qui était si gentil et si merveilleux. C'était le meilleur des maris...
Finalement passer à la télé devient sa raison de vivre, ça lui donne une raison de se lever le matin, de faire son lit et le ménage, de prendre soin d'elle, elle en est même arrivée à vouloir retrouver une forme physique plaisante pour les autres.
Cette chose si importante à comprendre, encore plus importante que le problème de la dépendance. Trouver sa raison de vivre...
Avant cette femme s'occupait de son mari, de son fils, elle se sentait reconnue et appréciée, elle en avait une raison. Et un simple coup de téléphone lui en redonne une.
Malheureusement pour elle c'était une raison superficielle, l'image à donner aux autres d'une femme ayant réussi sa vie.
Mais ces trois mots résonnent en ce moment dans ma tête « raison de vivre ». Et moi qu'elle est ma raison de vivre ? Qu'est ce qui me pousse à me lever le matin ? Pourquoi est ce que je vais prendre une douche et me maquiller les yeux aujourd'hui ?
Pour elle la réponse était simple « parce que je vais passer à la télé ». Et moi qu'est ce que je peux répondre...

Cette vielle femme elle m'a fait penser à ma grand mère, tellement fragile dans sa petite robe rouge. Tellement fragile qu'on a envie d'en prendre soin, d'aller lui rendre visite pour lui donner une raison de vivre à elle. Pour qu'elle puisse répondre à cette question : « Aujourd'hui je me lève parce que ma petite fille va venir me voir, alors je vais faire mon lit et je vais prendre une douche... ».
Et moi qui finis de bosser à 3 heures de l'après midi tous les jours je suis même pas foutue d'aller lui rendre visite... Je m'en veux, je me déteste pour ça. C'est quand elle reposera six pieds sous terre que je voudrais lui donner une raison de vivre ? Moi je ne crois pas.
Il faut que j'aille la voir... une fois par semaine c'est pas trop demandé et à chaque visite je lui apporterai un bouquet de fleurs pour qu'elle les mettent sur sa table et en se levant le matin elle se dira « Ma petite fille va passer cette semaine, il faut que j'aille chez le coiffeur et que je fasse des courses pour lui préparer à déjeuner ».
Je n'ai peut être pas de raison de me lever le matin mais je peux lui en offrir une à elle.